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Sculptures en aluminium...
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Hubert PAUGET
Interprétation
1989.
Réalisation de 20 bas reliefs pour un mur d’une cité
scolaire et 1ères peintures abstraites.
Les bas reliefs : des formes géométriques, des courbes arrondies, des traits
sinueux, serpentant tout le long de l’assemblage des plaques de polystyrène
travaillées.
Les 1ères peintures abstraites : des toiles dont les amas
polychromes sont comme "sculptés" dans la matière plastique et spatialisés
dans des surfaces fluides structurées par des voies construites.
La simultanéité de la
spatialité à travers le travail en relief d’un ensemble géométrique moulé en
ciment et de la matérialité de la substance caoutchouteuse dans l’espace
pictural fluide et vaporeux, annonce un devenir sculpture de la peinture.
Un cheminement, qui
se donne à voir dans la représentation abstraite à travers les actes de
peindre un espace, sculpter un espace, circonscrire un espace dans une
recherche constante au moyen des formes, des matières, des couleurs, de force
maîtrisée et de relief.
1993. 1ères sculptures en aluminium.
Dans l’esprit de ses
peintures, Hubert PAUGET
travaille à l’aide d’un
décapeur thermique et d’embouts de différentes grosseurs sur des formes
moulées en polystyrène comme des boîtes d’emballage,
d’isolation, de construction. Il découpe, strie,
raye, creuse la matière par rainures, la traverse afin de voir
à travers elle, assemble des formes dans d’autres formes.
Les sculptures sont coulées
en aluminium, selon le principe de la cire
perdue, dans une fonderie ardennaise.
Ces pièces uniques sont ensuite polies
sur certaines faces afin d'offrir des surfaces lisses et brillantes
et d’autres brutes,
rugueuses, plus sombres. La quantité d’aluminium
employée dans le mélange par le fondeur détermine également
l'aspect obtenu. Entre l’aluminium et le
polystyrène, Hubert PAUGET joue avec les couleurs, les brillances, les
rugosités, les petites aspérités rondes, que le polystyrène
en fondant sous
l’aluminium a fait apparaître, mais aussi avec le
vide et le plein. Parfois, des ardoises et du bois
sont ajoutés pour achever la création.
Jusqu'en 2005, les sculptures abstraites à la figuration
cachée, ne naissent pas d’une intention consciente
mais d’une instantanéité entre la vision et la création. Dans ce processus,
l’artiste est à la fois spectateur et acteur de ce qu'il
voit apparaître et de ce qu'il a à faire. Cette immédiateté de la création, qui trouve son sujet
pendant l’acte
créateur même, ouvre un paradoxe avec la non-immédiateté de l’appréhension
pendant la contemplation du spectateur. Ce qui guide
l’artiste, c'est sa manière de voir des
choses que nous voyons sans les voir
véritablement et de nous livrer
cette vision.
Celle-ci est plus déroutante encore, quand l’artiste
nous laisse sans aucun repère, sans titre à ses œuvres. Ne pas nommer, nous
offre une liberté sans fond qui rend perplexe,
effraye ou
fascine. Rien qui nous dise quoi voir. Rien qui nous oblige.
Rien qui nous
contraigne. Rien que nous et l’œuvre.
Sans titre que voyons de ces
sculptures? Deux faces distinctes, parfois 3 ou 4, qui
pourraient sembler figées
dans la froideur et la dureté de l'aluminium. Mais le regard
du spectateur est immédiatement attiré et intrigué par l'originalité du
travail et des possibilités d'assemblages qu'offre cette matière grise. Les
formes sans régularité, les reliefs, les reflets, le bois ou les ardoises
insérés, intriguent l'œil, sollicitent l'observation et incitent à
l'interprétation.
Nous pouvons alors
en nous arrêtant librement sur ces sculptures, reconnaître, imaginer,
nous remémorer, des visions bien réelles,
personnelles,
quotidiennes d’un objet, d’un paysage, d’un être vivant,
d'un sentiment (...). Peu à peu l'œuvre nous parle,
se dévoile pour nous telle que nous avons envie de l'appréhender, de la
ressentir, de la comprendre, de l'admirer. Nous regardons alors l'œuvre
autrement, plus intimement. L'œuvre elle-même nous amène à
réfléchir et à voir différemment ce que nous avons pourtant l'habitude
d'avoir là devant nous, sans y porter véritablement attention.
La double face de ces
sculptures rend pertinente une dualité de l’interprétation si ce n’est une
multiplicité, parfois aussi simple que le devant et le derrière d’un objet,
et potentiellement quand la sculpture est figure, l’expression duelle
essentielle ou existentielle d’êtres. Ces sculptures donnent à contempler
leurs doubles visages, dans l’ombre et la lumière, dans
une identité intime non
immédiate. C’est en tournant autour de la sculpture que
l’on découvre une autre lecture, une autre temporalité.
En tant que spectatrice, certaines de ces sculptures
en aluminium me
font penser à des immeubles, des structures architecturales
avec des espaces vitrés... (02-03-04).
Les
mêmes et d'autres, malgré le contraste entre le monde moderne et naturel, à des
empilements de pierres, à des rochers, à du calcaire creusé par les pluies,
le ruissellement de l’eau... (01-02-03-04-10), à un paysage ensoleillé... (08)
Ou encore des
totems, des masques africains... (05-06-09), des symboles comme le soleil, la
lune, et toujours la nature, l’être humain.
Cheminez ainsi que je peux le faire ici de manière toute
personnelle dans votre imaginaire ou sur les routes du bitume parisien, dans
les villes de province, sur les côtes bretonnes, les plages normandes, les
forêts ardennaises, admirez les arts premiers, comme mon père aime à le
faire. Approchez-vous, contournez, et surprenez-vous ou comme moi là
maintenant, regardez :
Ces
deux amis qui malgré leur différence qui pourrait être de position sociale,
d’ordre intellectuel, culturel ou artistique, de grandeur d’âme (…), donnent
l’impression de se compléter, de s’enrichir ensemble, de vivre une amitié
très solide, soudée, ancrée à jamais. Sur
l'autre côté, cette relation
paraît bancale, vidée de sincérité, les sentiments beaucoup plus légers,
superficiels, instables, reposant vraisemblablement sur l’hypocrisie et
l’intérêt. On aurait pu également se laisser aller à voir là, la
représentation de la naissance de l’Amour d’un homme et d’une femme et de sa
consumation au fil du temps vers des liens amicaux...
(07).
Cet oisillon, qui piaille réclamant à sa mère
son déjeuner ou la chaleur de son
amour, est peut-être aussi cet
oisillon qui se meurt dans une attente bien trop longue pour être
prévisible... (11).
Cette chouette aux yeux vifs est peut-être la même que
cette chouette hagarde comme gelée à jamais ou tout simplement endormie...
(12). Cet homme à genoux qui crie, les bras en l’air sa souffrance ou dont
le cœur meurtri a été arraché par la douleur d’un amour unilatéral et qui
implore le ciel n’est-il pas celui qui déclame au monde
entier, les bras levés et le sourire
sur les lèvres, le bonheur d’un amour éternel
partagé... (13).
Voyez, ce soleil qui monte au zénith avant de commencer à décliner peu à
peu, à moins que ce ne soit le portait d’une femme assise enceinte, heureuse
du terme proche et triste à la fois de cette séparation intra-utérine ou
tout simplement une mère vivant la séparation avec son enfant devenu adulte... (14).
Cet autre oiseau qui chante sa joie de vivre est
peut-être aussi l’oiseau pris au piège d’une mer mazoutée... (15).
Cet arbre
où le soleil et la lune flirtent entre les branches... (16).
Cette forêt
ardennaise où le soleil se lève à gauche et se couche à droite... (17).
Voyez : cette figure accueillante à l’œil rond, pétillant et qui semble
ouvrir sa bouche jovialement pour manifester chaleur et hospitalité, et ce
double, sombre, à l’air renfrogné, marqué par des traits plissés de
méchanceté, cet œil sournois et peu engageant... (18).
2005. Les
sculptures évoluent.
Entre les 1ères
sculptures plus brutes avec seulement du bois et des
ardoises et les suivantes
alliées à des objets détournés,
à d’autres matières, comme
l’acier, la pierre, le verre,
l'artiste évolue dans sa manière de travailler. Désormais, il réfléchit,
anticipe ce qu'il veut faire apparaître. Il créé des sculptures plus
figurées, offrant plus de sens immédiat. Il prévoit des espaces vides,
des fentes pour introduire les objets chinés, comme des
billes, des boules de pétanques, des flotteurs de filet de pêche, des sceaux,
une barre de métal rouillé
(...). Masques ou figures, la sculpture se donne dans une approche plus
aisée mais qui ne se dépare toujours pas d’une duplicité de
signification.
Ici, un être
encore dont la tête n’a plus rien d’humain, elle semble lobotomisée, et dont
l’ossature penche comme constamment dirigée de manière obsédante vers des
biens convoités par tous les moyens. Il porte une pierre sur son épaule
comme le poids du temps qui a enterré au fond de lui son âme d’enfant, une
âme qui fut un jour, saine et heureuse... (19). Et là cette tête brillante à
l’œil bleu qui éblouit son assistance par un flot de belles paroles
prometteuses bien lisses, bien rondes mais dévoile une âme bien laide en
tirant cette langue rongée par la rouille. Un beau visage, un beau discours
mais de vilaines pensées difficiles à cacher. La double face complète la
vilénie du personnage avec cet œil dont la vision est tâchée de filaments
qui ne lui permettent pas de voir les autres et le monde tels qu’ils sont
mais pour son profit personnel... (20). Il y a aussi cette sculpture aux trois
visages qui semble nous parler de ses états d’âme de créateur : une âme vide
en manque d’inspiration, une matière qui surgit en désordre et enfin la paix
de l’âme trouvée avec la mise en place de cette matière dans sa sphère
artistique. Nous pourrions tout autant imaginer la naissance d’un amour, la
résolution de difficultés (…) à travers les étapes de la vie : le quotidien,
les tracas et le bonheur... (21).
L’aluminium
dans ces sculptures est un allié aux multiples éclats. Sa teinte grise
permet une déclinaison de tonalités du noir à l’argenté à l’aspect brut ou
lisse selon le polissage. Cette noirceur et cette brillance surajoutent à
l’impression que rien n’est tel qu’il y paraît au premier abord, que rien
n’est jamais définitif ou acquis, et renforcée encore par le mariage
d’objets divers aux couleurs, formes et matières différentes, placés pour
mettre en valeur cette idée par ajout ou contraste.
2007.
Les sculptures en
résine.
Depuis quelques mois,
l'artistes travaille parallèlement sur de nouvelles sculptures en résine.
Christelle PAUGET
(fille de l'artiste),
décembre 2005
(modifié en septembre 2007)
Copyright © Christelle Pauget 2005
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